jeudi 6 janvier 2011

Les bloggeurs ont la parole : billet de Phillipe Allard

SEGOLENE ROYAL PREND LA TETE DE L'OPPOSITION




Avec un tournant très libéral de la politique conduite par Nicolas Sarkozy depuis 2007, ressurgit très nettement le clivage gauche/droite sur les politiques économique et sociale. Alors qu’on avait plutôt assisté à un rapprochement des orientations, c’est aujourd’hui le réveil de la lutte idéologique.
Dans ce contexte, la candidate présidentielle de 2007, Ségolène Royal, avec un positionnement pertinent, prend la tête de l’opposition.

1. Elle s’affiche clairement comme le garant de la République sociale en s’opposant à la remise en cause des acquis sociaux.
- Sur la question des retraites, elle a pris la tête de la fronde, alors que la secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry paraissait beaucoup hésiter entre un discours à gauche et le lien avec Dominique Strauss-Kahn. En proposant un référendum d’initiative populaire, refusé par la direction socialiste, Ségolène Royal a démonté simplement que cette direction n’était pas prête à s’engager dans un combat politique sur cette question, laissant entendre qu’une fois aux affaires elle pourrait adopter la même politique.
- Sur la question des 35 heures, elle est clairement intervenue pour contester la remise en cause de la durée légale du travail sans s’attaquer à la personne de Manuel Valls, car pour la candidate socialiste il faut accepter le débat politique pour avancer. Alors que lors de la dernière campagne présidentielle elle n’avait pas hésité à contester la gestion de cette réforme au moment de sa mise en place par Martine Aubry, elle considère qu’il ne faut pas pour autant remettre en cause un acquis social.

2. Pour Ségolène Royal, ce positionnement de défense des acquis sociaux s’intègre dans une orientation politique globale en opposition au discours de Nicolas Sarkozy. Ce discours d’opposante de la candidate socialiste apparaît aujourd’hui comme le plus abouti à gauche sur la question sociale.
Dans la conception néolibérale, reprise par Nicolas Sarkozy, les acquis sociaux sont considérés comme un frein à la performance économique. Dans la compétition internationale, les acquis sociaux sont considérés comme un handicap à la compétitivité économique. Repris et largement diffusé dans les médias, ce discours s’impose progressivement sans réelle analyse critique.
C’est une orientation totalement opposée que défend Ségolène Royal en martelant qu’il ne peut pas y avoir de développement économique sans progrès social. L’enrichissement au profit de quelques-uns n’assure pas le réel développement d’un pays.

3. Pour la candidate socialiste, Ségolène Royal, la réponse à la compétition internationale n’est sûrement pas dans le "travailler plus" avec toujours moins de protection sociale. Les solutions sont ailleurs.
- La socialiste défend une politique en faveur de l’innovation pour donner à la France une avance technologique et permettre de créer les nouveaux produits dont nous aurons besoin. Elle veut notamment promouvoir une politique en faveur de la croissance verte et déplore avec force l’absence d’une stratégie industrielle de la part du pouvoir en place.
- Pour les industries de main-d’œuvre qui font des profits insuffisants pour le grand capital, la socialiste considère que la France ne peut pas abandonner ces secteurs d’activité. Elle propose des actions alternatives à l’économie de marché afin de les sauvegarder. Elle a mené ainsi plusieurs actions dans ce sens dans sa région en faisant, en ce domaine, un laboratoire pour une autre politique économique.

Prenant la tête de la lutte dans cette bataille idéologique, Ségolène Royal devient à nouveau la cible des attaques. Afin de disqualifier son message politique, les attaques portent sur sa personne. Mais elle avance avec une force de conviction que personne ne peut lui contester. Parce qu’elle mesure l’importance de son combat, la socialiste a décidé d’aller jusqu’au bout pour donner à la France un réel changement de politique en 2012.

Philippe Allard

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